Elitos-tos
Il avait cette manière
de rire en te regardant
de s’esclaffer en se tapant le ventre
de lorgner sur le joint qu’il achevait de rouler
en continuant sa tirade folle
sur son respect pour les joueurs de football.
Il tire un grand coup sur son spliff
en te regardant de ses yeux vifs
Elie
comme une rengaine
c’était jamais complètement sérieux soul ou serein
y-avait toujours cette retenue contenue dans le public
le pudique prenait son temps avant de se laisser
réclamer l’attention réelle
de ses hôtes.
Et quand il se lançait,
dans quelconques histoires
c’était toujours avec enthousiasme
qu’il enivrait nos imaginaires
déliait les frontières
brimait les moldus trop terre à terre
en contant des délices lointains
sans exagération aucune,
il étouffait ces rires qui te prenaient aux corps
un encore
c’est tout ce qu’on lui demandait
encore une autre
Une nouvelle échappée, une histoire sur le temps, des yeux qui brillent, et vous transportent
Elie,
comme une rengaine
c’est ce mélange diction réfractaire sombre des stades,
propos clairs comme de l’eau de roche dans tout ses languages,
Ce qui se conçoit clairement s’énonce simplement, puis l’inverse
Elie c’était la vivacité même, les temps d’avances en tout genre,
au football c’était les crochets intérieurs du droit puis du gauche, les punchlines lexicales et les feux rouges, Stop.
Elie c’était tout ça sans l’être tout à fait
C’était un brin de poésie sur fond mélancolie
C’était des silences interrogateurs et des jugements à l’emportée,
tout ça c’était lui et on l’aimait sans mesure pour sa démesure
c’est ce qu’il nous inspirait,
de l’amour toujours jusqu’à n’en plus pouvoir
C’était ce coup de téléphone de la vie,
ce rappel brutal à ce qui compte,
c’était des éclats de voix qui te ressuscitaient
des envies de plus beaux toits du monde et de coucher de soleil fous en passant par
Des désirs de dire ces petites prières, manière
Aretha Fanklin.
Elie je le jure
il était divin,
sacré.
Du commercial contemporain aux langueurs de la musique d’antan
Le copain écoutait tout.
il sondait toutes les rengaines
Les paysages musique,
comme capitaine Haddock sondait les fonds marins en jurant
« Tonnerre de Brest, mais c’est de l’eau! »
Jamais complètement soul serein ou sérieux
Il gardait aux lèvres toujours des certitudes
sur le goût, les sons, les sonorités, les lettres et la littérature.
Ces lèvres, elles posaient les questions qui fâchent sur le sens de nos existences
et les réalités dans lesquelles on vivait
Elie il te disait “putain mais lis, mon con” si t’avais le malheur de comparer Guigui Musso à du Dostoievski
Il était jamais loin de te décocher une droite de rappel quand t’avais le malheur de prôner les vertus de la documentation constante de nos vies sur nos réseaux virtuels
« Mais il est passé où l’intime? »
Chez lui c’était seconde nature, ce joyeux bordel de culture, bouillon de bullshit, cette attention détachée pour l’apparat et la pose, attends pause le temps d’un troisième joint,
tire avec tendresse en louchant sur son lit de mort,
la drogue douce donne des ailes,
des penaltys pleine lucarne il en aura raté quelques-uns des pétards bien serrés, jamais
Des dérives en désespoir
des dugs en grand écart culturel,
Elie fantasme bien;
bien d’avantage sur l’athlète au fil de vie rêglé comme du papier à musique,
que sur le savant sage et philosophe reçu premier à l’agrégation
et c’est ça que j’aime chez lui, c’est cet esprit à contresens du Parisianisme de ceux qui jaugent,
ces idées critiques sur ce monde étriqué qui moi m’entoure et me taraude
Il y a chez lui plus grande admiration pour les choses du réel,
l’aptitude au partage,
que pour la décadence de ceux qui s’enfilent
Trains de coca et verres de whisky,
Le monde est un banquet ou se côtoient nos pulsions
Elie comme une rengaine
voulait les vivre à plein poumons
et recherchait l’absolution.